OUVRAGES A VENIR

 

Lunes amères par Roland Depin

 

 

Premier quartier

 

 

La lune se reflète dans l'eau du port comme mille éclats d'argent mais, c'est bien là la seule note poétique de l'endroit !

Il a plu et la chaussée défoncée des quais garde encore les traces de son passage : Flaques souillées du poussier du quai des charbonniers ou eau mélangée de la terre venant du grand entrepôt des pommes de terre, sur le quai du même nom.

Ils se touchent d'ailleurs, séparés par un môle sur lequel se dressent des grues altières, attendant là le prochain cargo à décharger.

A l'heure du midi, à la pause, les ouvriers des deux quais sortent manger la gamelle dehors, du moins lorsque le temps le permet et, se rassemble entre ces deux quais, le dos tourné à la mer : On préfère la vie de la rue du port, ses bistrots où l'on ira vider un godet à la fin de la journée.

Pourtant, qu'il y a-t-il de commun entre ces deux professions ? Si, la jute sûrement : Patates et charbon, vont dans le même sac si j'ose dire...

Les visages aussi ? Oui ! Souillés soit de terre ou de poussier, les uns marrons les autres noirs.

Tout ce petit monde se rassemble ainsi, assis à même le sol ou sur quelque gueuse posées ça et là, le regard souvent absent, la parole rare, ce semi silence parfois ponctué d'un gros rire.

 

A suivre...