POEMES
A croquer…
Quelques tambours sur la plage
Résonnaient au soleil couchant
D'un rythme tout d'abord sage
Le tempo s'accélérant
Elle avait de joyeuses rondeurs
Accrochant les rayons du soleil
En avait-elle aussi la saveur
Celle douce et sucrée du miel ?
J'avais cette folle envie
Des bretelles qui glissent
Et qui, petit à petit
Dévoilent la peau lisse
Elle avait une joyeuse candeur
Accrochant le regard des hommes
Transpirant du bonheur
Des regards sur ses formes
Ivre des tambours elle tournoyait
Les yeux fermés et la robe volait
Ivre des tambours elle dansait
Et les bretelles tombaient…
Roland Depin © 2010
Contemplation
Le temps s'écoule au rythme du bruissement incessant de l'océan
Lentement, comme mes caresses dans l'échancrure de ton corsage
Là où la peau est si douce qu'elle apaise les tourments du temps
Je ne pense à rien, regardant la vague qui vient mourir sur la plage
Je sens ton cœur qui bat sous le sein que ma main entoure d'amour
Les ors du soleil couchant nous irradient d'une chaleur bienvenue
Jetant ça et là des éclats d'ambre sur le sable et les roches alentour
Tamisant d'intimité sensuelle les doux reflets jouant sur ta peau nue
Des ors au rouge, le soleil s'endort sous le drap lointain de l'horizon
Embrasant l'océan de mille éclats scintillants de feu et de lumière.
C'est le moment des tendres baisers, le ciel incendié en toile de fond
C'est l'instant des doux murmures entre nos lèvres unies, solidaires
La nuit étend son noir manteau étoilé en nous laissant seuls au monde
Et les chants nocturnes nous accompagnent pour cette nuit d'amour
Quelques sentinelles illuminées volent en surveillant la lande à la ronde
Pour que nous puissions nous aimer d'amour jusqu'à ce nouveau jour
Tendres courbes
Le bout de mes doigts redessinent ton corps
Effleurant la peau palpitante de ton cou
Pendant que mes lèvres déposent encore
Quelques tendres baisers, là sur tes joues.
Le bout de mes doigts redessinent ton corps
Esquissant la douce rondeur de l'épaule
Se glissant sous la bretelle qui encore
Garde mystère de ce corps qui me frôle.
Le bout de mes doigts redessinent ton corps
Rayonnant sur tes fruits gorgés de chaleur
Tu tends tes lèvres en me disant encore
Est-ce là ce que l'on nomme bonheur ?
Le bout de mes doigts redessinent ton corps
Tel un antique potier lissant une amphore,
Tes hanches m'enivrent toujours et encore
Sois ma sirène amour, je serais ton port.
Le retour
Regarde cette lumière qui pointe à l'horizon
Notre port se rapproche, patience moussaillon !
Nous labourons l'océan depuis tant de temps
Que le temps lui-même semble nous avoir oubliés.
Le bois de notre trop vieux bateau craque
À chaque vague que fend vaillamment son étrave
Et le mât, mal gardé par des haubans trop vieux
Porte avec peine la vieille voile usée, rapiécée !
Encore quelques milles à danser sur cette mer
Et ma main fatiguée quittera enfin la barre,
Je poserai sac à terre, pour un banc de pierre
Mes yeux, ma peau sont las du sel des embruns
Mon cœur est las des larmes de ma bien-aimée
Enfin me réveiller à ses côtés, sentir son café
Voir son sourire lorsqu'elle tranche le pain,
Qu'elle le pose sur la table sur un torchon blanc.
Regarde ce mât de pierre qui perce la terre
Notre port est là derrière, nous y sommes moussaillon !
Viens prendre la barre mon gars, le navire est à toi
Afin qu'il ne meure dans quelque vasière putride.
Qu'il vive encore, vibre encore quelque temps
Au gré des vents et des houles du bel océan.
Rentre le navire au port, qu'il se repose un peu
Qu'il panse ses plaies et navigue encore longtemps !
Ecoute-le gémir doucement, pressé de caresser le quai.
Ecoute l'étrave chanter, heureuse de son havre de paix.
Ecoute le chant des poulies, de la voile qui s'abat.
Ecoute-la claquer, une dernière fois au vent léger !
Sens la douceur de sa barre, il t'a adopté moussaillon.
Il ne cabre plus, filant sur son erre, le navire est à toi.
Laisse-moi l'amarre, que je la tourne une dernière fois
A ce quai que, de ma vie, je ne quitterai jamais plus!
©Roland Depin 2009
LE BANC
Sous le timide soleil d'automne
Tu reste là planté et solitaire
Et si des pas parfois résonnent
Aucun ne s'arrête pour te plaire
Seules quelques feuilles frileuses
Daignent encore prendre place
Là où des promesses amoureuses
Ont dans le bois laissé la trace.
Tatoué de cœurs, d'amours fléchés
Cupidons printaniers ou adolescents
Je t'entends, enfin je crois, soupirer
Mais sans doute est-ce encore le vent !
Moi-même sur toi, vois-tu ne m'assied
N'ayant contre moi nul bel amour
Comme d'autres, je ne fais que passer,
En espérant qu'un jour… Oui un jour!
Je te salue donc vieil ami solitaire
Toi le nid des baisers amoureux
Où les corps s'enlacent solidaires
Unis d'un même sentiment heureux
LA ROBE BLEUE D'ANAIS
Je me souviens d'Anaïs, de sa petite robe bleue.
De sa robe bleue qui volait, qui dévoilait.
De fines bretelles la rendaient fragile.
La robe bleue ou Anaïs ?
Je me souviens d'Anaïs, de sa petite robe bleue.
De sa robe bleue au boutonnage si imparfait,
Elle était délicieusement impudique.
La robe bleue ou Anaïs ?
Je me souviens d'Anaïs, de sa petite robe bleue.
De sa robe bleue qu'elle relevait, enlevait.
Le sable chaud l'accueillait alors.
La robe bleue ou Anaïs ?
Je me souviens d'Anaïs, de sa petite robe bleue.
De sa robe bleue qui attendait, espérait
Mes mains la caressaient alors.
La robe bleue ou Anaïs ?
Je me souviens d'Anaïs, de sa petite robe bleue.
De sa robe bleue que je tenais, sentais.
Dieu que je l'aimais !
La robe bleue ou Anaïs ?
Je me souviens d'Anaïs, de sa petite robe bleue.
De sa robe bleue qu'elle aimait passer
Sur son corps nu encore humide
J'y pense encore aujourd'hui…
… à Anaïs et sa petite robe bleue !
Quelle vie !
Hier soir, j'ai prêté ma lumière
Un peu blafarde je vous l'admets
Pour un homme d'allure austère
Qui perdu, son chemin cherchait.
Puis un petit couple d'amoureux
S'est approché bien timidement
Moi j'ai fermé un peu les yeux
Quand s'embrassèrent les amants.
Un jour blafard couvait déjà
Obstacle à ma lampe dérisoire
Lorsqu'un ivrogne trébucha
Crachant à mon pied tout son boire
Et comme s'il ne suffisait pas
A cette aube d'un jour frileux
Levant la patte contre mon mât
Toutou m'arrosa, remuant la queue !
Je vous le dis, je vous le crie
On a beau dire, on a beau faire
Moi qui le vis, ce n’est pas une vie,
Ma pauvre vie… celle de réverbère !
(Extrait de "Petits textes appelés poèmes et autres haïkus)
© Roland Depin 2006)